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FRIQUETTES ET FRIQUETS

marquer même son accent, je l’avais tout de suite supposée au moins Arlésienne ou Marseillaise. Une goutte de sang oriental circulant sous sa peau ambrée pouvait en effet seule justifier la voluptueuse nonchalance de cette démarche, la finesse de ces attaches, le ton noir bleu de ces cheveux naturellement calamistrés, le velours de ces yeux profonds et le vivant corail de ces lèvres incarnadines.

De là mon éblouissement et ma très excusable erreur.

— Laissez-nous vous croire d’Athènes.

— Que non pas ! puisque je poussai dans un petit village, tout près de La-Ferté-sous-Jouarre. C’est même pour cela qu’on m’appelle ici « la Briarde ». N’empêche : j’aime mieux le nom que ma marraine me donna.

— Apprenez-nous ce nom.

— Sylvaine.

— Et celui du village ?

— Luzancy.

Luzancy… Ces trois syllabes me disaient vaguement quelque chose. Au cours de quelle existence antérieure avais-je entendu parler du village de Luzancy ?