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FRIQUETTES ET FRIQUETS

illusion, les vertèbres de l’échine et les os des côtes.

Courtaud, râble, l’œil et le front têtus, il semble, de ses narines ouvertes, renifler la subtile odeur des hauts chardons à fleurs violettes qui poussent le long des talus, tandis que ses oreilles interrogantes et mobiles se tournent à l’appel lointain de quelque bourrique esseulée.

Ainsi attaché par le bridon à une branchette d’olivier — provenant de l’unique olivier parisien qui pousse mélancolique, rue de Rivoli, dans une moitié de barrique sciée, devant la porte d’un marchand d’huile, — vous diriez un âne véritable.

Seuls les sabots trop vernis et trop noirs manquaient de couleur locale ; nos ânes de Canteperdrix ont bientôt fait de se ternir la corne à courir les chemins poudreux, les pentes pierreuses, et leurs sabots ne luisent guère. Un peu de gomme, la cendre d’un cigare ont heureusement remédié à la chose ; et maintenant l’âne est vivant, tel qu’on s’imagine son illustre ancêtre, l’âne d’or de Lucius à qui ce malheur arriva, étant âne, de rede-