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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Délicieux au printemps, quand, dans une bonne odeur de résine et de miel, les bourgeons vernissés éclatent, et que les hampes des marronniers en fleurs se dressent, rigides et roses.

Délicieux l’été, sous la voûte opaque des allées où les feuilles émues par la brise ressemblent à des mains innombrables qui béniraient.

Délicieux en automne quand, avant de mourir, ces mêmes feuilles rougissent et se dorent, comme si elles gardaient en elles quelque chose de la flamme pourpre des couchants.

Et délicieux aussi, l’hiver, soit que les ramures dépouillées se détachent sur le fond du ciel avec la netteté d’un trait d’eau-forte, soit qu’une belle tombée de neige couvre pelouses et parterres, si blanche, si étincelante, qu’elle fait paraître grises les statues.

L’itinéraire ne changeait pas.

Sans s’inquiéter de la cohue, — car, que leur importaient ces femmes parées, ces enfants qui jouent, ces vieillards et ces jeunes hommes, les uns rêvant la vie, en