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FRIQUETTES ET FRIQUETS

menant ses lentes gondoles parmi les reflets des ponts en feu ; les édifices hier illuminés reprennent la tranquillité architecturale de leurs lignes ; la Tour Eiffel, sa robe de braise dépouillée, s’habille à nouveau de flottante brume ; et, maraudeurs ici comme aux champs, les gamins, après avoir noblement défilé en uniforme de guerriers scolaires, abattent aujourd’hui à coups de casquettes quelques lanternes oubliées qui brillent çà et là ainsi que de grosses oranges dans le vert un peu roussi des feuillages.

De cette fête, joyeuse pourtant, un souvenir attristé me reste.

Dès le matin, alors que les voitures roulaient encore, j’étais monté sur l’impériale d’un tramway dont le parcours va zigzaguant à travers des quartiers populeux.

Pour l’observateur peu pressé, l’impériale d’un tramway est une manière de balcon qui marche. Et, sans fausse honte, en bon badaud, avec cette simplicité d’âme qu’il fait bon retrouver à certaines heures, je m’extasiais sur le retour inespéré du beau temps et la splendeur vraiment opportune d’une journée sou-