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FRIQUETTES ET FRIQUETS

trop exiguë pour qu’on pût décemment y faire place à Babylas, nous mîmes Babylas en nourrice, à tant l’année, chez une vieille paysanne vaguement aubergiste qui voulut bien nous donner à dîner. Depuis, tous les dimanches, nous allions chez elle pour manger une omelette et demander des nouvelles de Babylas.

Du reste, Babylas était charmant. Nous constations chaque semaine combien il croissait en âge et en sagesse. Il croissait autrement aussi, un peu trop même, à vrai dire, Marine était désolée de ne pouvoir plus le prendre dans ses bras.

Puis l’hiver arriva qui interrompit nos promenades. En outre, une brouille survint ; nous restâmes deux mois sans revoir Babylas…

— Allons, mam’selle Marine, soyez raisonnable. Voilà-t’y pas de quoi tant pleurer ? À la prochaine foire d’avril, je vous achèterai un Babylas tout neuf, qui sera le même que l’autre. Ces bêtes-là, dame ! c’est un peu comme les amours : quand ça ne croît plus ça dépérit ; voilà pourquoi faut les remplacer tous les ans.