Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/343

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Eh bien, le croiriez-vous, hier, passant devant par hasard, car le plus souvent je m’en détourne, hier, Saint-Lazare m’a paru presque gai.

Le long du trottoir, une foire en plein air s’étalait : des fruits, des fleurs, des articles de ménage, des bijoux en faux, de menues bimbeloteries et toute une population de fillettes circulant, avec cette flamme au coin de l’œil, ce petit air de « prêt à rire » que fait subitement éclore le soleil des premiers beaux jours.

Il y a là surtout un mur, un mur rébarbatif et nu que vous avez pu voir en temps d’élection bariolé d’affiches, et qui est présentement couvert d’une infinité de ces petits carrés de papiers blancs, collés d’un pain de farine à chaque angle, par lesquels on a coutume, entre employés et patrons, d’offrir ou de demander du travail.

La grand’ville seule offre de ces contrastes ; et pendant quelques minutes, sur le mur infâme, oubliant quelles tristesses et quels désespoirs il cachait, j’ai pris un vif plaisir, plaisir de flâneur en découverte, à lire, à