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FRIQUETTES ET FRIQUETS

civilisé consomme d’objets sans valeur en apparence et que la nature offre pour rien à quiconque sait les cueillir.

Je me suis donc établi courtier entre Paris et la Nature.

Au bon peuple, pour l’ornement de ses mansardes et la joie des attendrissants jardinets qu’il entretient dans les gouttières, j’apporte des bouquets, des fleurs des champs, des plants de marguerites ou de fougères. Quelques simples, parfois, n’en déplaise à Messieurs les médecins.

Ça, c’est l’A B C du métier, encore qu’on ait besoin d’une topographie spéciale pour connaître les retraits moussus où foisonnent, alors qu’à côté tout semble mort, jacinthes, muguets et coucous ; puis, quand approche l’arrière-saison, la pente ombreuse où, sur un tapis de mousse humide et de myosotis défleuris, se dressent, feuilles de velours, gueule pourprée, les fastueuses digitales.

Ma vraie spécialité, néanmoins, consiste à fournir de reptiles, de batraciens, de menus insectes et de larves l’aquarium de l’amateur et le laboratoire du savant.