patron Ruf et d’oursins engraissés par la pleine lune ?
Aussitôt le dîner s’improvise, car les oursins n’attendent pas. On me convie ainsi que l’abbé, à qui patron Ruf dépêche Ganteaume.
Saladine, décidément vaincue, séchera son linge où elle pourra : et nous voilà tous attablés dans la cour aux blanches arcades, sous la vigne en treille dont le cep, perdant son écorce, a l’air d’un bon vieux boa qui mourrait.
C’est patron Ruf qui bravement, sans craindre les pointes, décoiffe l’un après l’autre les oursins comme on fait des œufs à la coque.
Une ! deux ! et l’étoile de chair jaune-orange apparaît nageant dans une noirâtre mixture d’eau de mer et d’algues triturées.
L’abbé, homme aux préjugés montagnards, répugne à manger ces bêtes vivantes. Moi-même, amateur novice, je fais tomber l’algue et l’eau de mer sur mon assiette, me contentant du jaune que je cueille avec mon couteau. M. Honnorat et patron Ruf nous raillent. Ils n’y mettent pas, eux, tant de façons. Ils gobent le tout : eau, algues, étoile ! ils raclent la