Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/152

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nent ses espérances et ses bonheurs de jeune fille : et l’ayant ouvert, l’ayant vidé, elle m’a montré, pêle-mêle avec l’œuf, le sel et la quenouille, vingt bouquets pareils à celui que je lui ai offert, les uns frais encore, et les autres déjà flétris.

— « Mes fleurs, mes pauvres fleurs ! soupirait-elle. J’étais, chaque matin, si contente de les trouver, là, sur ce banc, frileuses, baignées de rosée… Je les réchauffais sur mon cœur, sachant qu’elles venaient de vous… Je me disais : il n’ose pas me les donner lui-même ; mais il est brave, c’est un homme : le courage, un jour ou l’autre, lui viendra… Le courage vous était venu, puisque hier vous m’avez offert un bouquet de ces mêmes fleurs, devant mon père… Et, maintenant, vous nous quittez !… Que vous importe notre amitié ! Que vous font les pleurs de Norette ? »

Son désespoir s’en allait en larmes. Et, ne comprenant pas, mais délicieusement ému, je ne pus m’empêcher de sourire, quand j’entendis Norette, dans mes bras, entre deux sanglots, s’écrier d’une voix redevenue enfantine :

— « Ah ! je suis malheureuse et bien punie