Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/194

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Pendant la demi-heure qui précède la fin du jour, rues et ruelles sont désertes. Dans leurs maisons, dont le toit fume, les femmes enfermées préparent le repas du soir ; les hommes ne rentrent pas encore des champs. L’abbé Sèbe pouvait venir chez moi sans rencontrer personne.

Après quelques instants, on frappe. C’est l’abbé, visiblement ému et gêné. Il souffle, il s’essouffle pour deux misérables étages, lui qui gravissait, sans perdre haleine, les plus escarpés raidillons ; et son chapeau, pétri à deux poings, prend des formes extraordinaires.

Je lui offre, pour le mettre à l’aise, un verre d’eau-de-vie de myrte. Il s’assied, nous trinquons alors seulement il ose parler.

— « Voilà ! s’écrie-t-il, par la faute de Ganteaume, deux hommes qui s’aiment et s’estiment, en sont réduits à ne plus se voir. »

Ce début m’étonne.

— « Pourquoi donc ne nous verrions-nous plus, mon cher abbé, et, dans tous les cas, qu’est-ce que l’ingénieux Ganteaume peut avoir à faire en ceci ?

— Ganteaume ! Mais vous ignorez donc son