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PÊCHE À L’OURSIN

qu’on eût dit de gros marrons vivants hérissés dans leur coque.

Il ne nous restait plus qu’à les cueillir, ce qui, au premier abord, paraît simple.

Vous plongez le roseau dans l’eau, vous visez l’animal : maintenant, foncez, ramenez… Eh ! mais pas déjà si facile que cela ! M. Honnorat, Ganteaume et Norette ont la main à cet exercice et manquent rarement leur coup. Le colonel et moi nous le manquons à chaque fois. C’est le diable que de diriger sous l’eau, à près de deux brasses, un roseau que la réfraction vous fait paraître cassé en deux.

Je m’aveugle, couché sur le ventre, à scruter ces claires profondeurs, scintillantes, pénétrées de soleil, où roulent des émeraudes fondues.

Victoire ! fourrageant à tort et à travers, enfin mon roseau remonte avec un oursin au bout. Un oursin bleu, hélas ! Au lieu d’être couleur d’acajou, le mien, à chacune de ses pointes, lesquelles ne piquent pas, porte une perle de turquoise du ton le plus délicat.

Très joli à voir l’oursin bleu, mais d’un goût positivement détestable.

Tous me raillent pour ce bel exploit, et No-