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LE SACRIFICE

Je me sentis rougir, et n’aurais pu dire pourquoi ! en écoutant sa voix émue, en subissant le long regard de ses beaux yeux voilés moins de courroux que de tristesse.

Elle ajouta :

— « C’est à propos de la Chèvre d’Or ! »

À ces seuls mots, dans une soudaine vision, je devinai enfin les trop justes motifs de son attitude envers moi. Une honte mêlée de remords m’envahit. Je voulais parler et ne trouvais point de paroles.

— « Ne niez rien, n’expliquez rien ! Il est des choses irréparables. Plût au ciel que vous fussiez mort du coup de fusil de Galfar ! J’en serais peut-être morte aussi ; et si la terre noire n’eût pas voulu de moi, je restais du moins votre veuve avec l’éternel deuil au cœur d’un amour auquel j’aurais cru. Mais votre fièvre a rêvé tout haut, trop haut pour mon bonheur, puisque, hélas ! je l’ai entendue. De l’or, des diamants, la chèvre, la clochette… Et toute une longue nuit qui me semblait ne devoir plus finir, à votre chevet, sur vos lèvres où j’épiais, heureuse, un souffle de vie, j’ai cueilli, syllabe par syllabe, cette douloureuse et humi-