Page:Arène - La Chèvre d’or.djvu/91

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Où diantre ai-je vu ce beau sauvage ? car certainement je l’ai déjà vu.

À tout hasard, je le salue. Lui s’incline poliment, non sans intention d’ironie. Mais au moment où je m’apprête à lui adresser la parole, il siffle son chien et s’en va.

— « Eh bien ! vous le connaissez, maintenant ? me crie Saladine. C’est Galfar, le cousin, l’homme au chemin d’âne. On était content, depuis deux mois, de n’avoir plus de ses nouvelles. Le voilà revenu maintenant, sans doute avec quelque mauvais coup en tête. Drôle d’idée que les gens ont eue tout de même de choisir un pareil chrétien pour faire le Turc.

— Vous savez bien, interrompt M. Honnorat, que, d’après la coutume, le Turc doit sortir de notre famille. Il est donc naturel qu’à mon refus… »

M. Honnorat dit « à mon refus » d’un ton contraint, presque vexé. Peut-être ne lui a-t-on pas offert de faire le Turc cette année, peut-être aussi Norette n’a-t-elle pas voulu ? Cependant je me représente M. Honnorat, le grave M. Honnorat faisant le Turc : image qui me remplit de joie.