sont si pauvres qu’ils pourraient, sans crainte des voleurs, fermer leur porte avec un buisson.
« Il ne leur reste qu’un petit bien dont les huissiers n’ont pas voulu et sur lequel ils vivent. Le père essaie de le cultiver, mais il s’est mis trop tard à la pioche : être paysan ne s’apprend pas dans les collèges ! Après avoir couru, navigué, essayé de tous les métiers, un matin, le fils est revenu ; il fait de la poudre en contrebande et braconne. La mère, travaillée d’orgueil et d’idées noires, n’a pas assez de la journée pour pleurer les larmes de son corps.
— Et c’est depuis la ruine que les deux familles sont brouillées ?
— Non pas ! M. Honnorat voulait au contraire se rapprocher d’eux, leur venir en aide. Les Galfar n’ont pas répondu. Galfars et Gazans naissent en guerre ; ils tètent ça avec le lait. »
Saladine n’exagérait pas.
J’ai beau interroger sur ce point M. Honnorat et Norette ; j’aurais beau sans doute interroger le cousin Galfar. Peine perdue ! ils sont ennemis, voilà ce qu’ils savent ; mais les uns, pas plus que les autres, ne pourraient me dire pourquoi.