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Page:Arène - La gueuse parfumée - récits provençaux, 1907.djvu/137

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JEAN-DES-FIGUES.


voulut pas me quitter de la nuit. — Tu es trop agité pour rester seul, me disait-il, couche-toi dans le lit, moi je dormirai sur le sopha… Je me mis au lit, discourant toujours. J’étais très-éloquent, Nivoulas m’écoutait d’un air fort attentif en apparence, mais il profitait de mes moments de calme pour me préparer de l’eau sucrée et me verser dans mon verre troublé par la poudre flottante du sucre quelques gouttes de bon cognac réconfortant. Ce manège dura toute la nuit. Au petit jour, grâce à mon éloquence, Nivoulas était complètement consolé.

Mais voyez-vous ce brave Jean-des-Figues au milieu du lit, le dos dans les coussins, son bonnet de coton droit sur une forêt de cheveux noirs, Jean-des-Figues inspiré, gesticulant, byronisant, ironisant, répandant à pleines mains sur Nivoulas épouvanté des préceptes d’amour à faire reculer Don Juan en personne, tandis que de grosses larmes furtives descendent le long de ses joues et vont bien vite se cacher dans les poils follets de sa barbe, et qu’il presse sur son cœur, sur ses lèvres — ne lui demandez pas pourquoi — le corset tiède encore et suavement embaumé de cette Roset qu’il n’aime pas, oh ! qu’il n’a jamais aimée, je vous jure !