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Page:Arène - La gueuse parfumée - récits provençaux, 1907.djvu/241

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LE TOR D’ENTRAYS.


la chose. Mes amis cancanent au cercle, et les acquéreurs comptent leurs piécettes… C’est qu’elle s’obstinait, la petite têtue ! Et tu croyais que j’accepterais ? Allons, Jeanne ! ne pleure pas, avoue que tu avais mal, bien mal jugé ton père, et viens vite lui demander pardon.

Puis, l’embrassant :

— Que me faut-il pour être heureux ? Te savoir contente, un chien, un fusil et deux œufs durs dans ma carnassière… Je te demande pardon aussi, Jeannette, de te laisser pauvre par ma faute ; mais cela ne fait rien, n’est-ce pas ? Celui que tu aimais quand tu te croyais riche, te voudra bien encore aujourd’hui que tu ne l’es plus.

— Estève, entends-tu cela ? dit le père Antiq en poussant son neveu du coude.

Estève prit la main de Jeanne :

— Décidément, mademoiselle, il était écrit que ce serait moi qui ferais la demande en mariage.

Cependant, de tous les côtés, au Plus-bas-Tor, on voyait les paysans, assurés cette fois de la nouvelle, quitter le travail à mi-journée et redescendre vers Canteperdrix, pressés qu’ils étaient de se mettre en mesure pour la vente.

— Et vous, père Antiq ?

— Oh ! moi, mes précautions sont prises !… Tiens ! tiens ! mais c’est le jour du papier timbré semble-t-il : L’huissier s’arrête, fait signe à un homme, lui donne