II
ce qu’était m. sube
M. Sube, grâce à son clos, était, ce qui n’est pas peu dire, l’homme le plus heureux de Canteperdrix où il y a tant de gens heureux. Le plus peureux aussi ! mais dans nos villes de province un peu de douce couardise n’est-il pas l’assaisonnement obligé de toute félicité bourgeoise ?
Cette brave bourgeoisie de France, qui fit un jour 89 et quelque peu aussi 93, en est demeurée toute tremblante. Or M. Sube, bourgeois et fils de bourgeois, catholique pratiquant, ami de l’ordre quand même et respectueux envers le pouvoir établi quel qu’il fût, mais dévoué au fond à la branche aînée pour des motifs qu’il ne s’expliqua jamais bien, M. Sube tremblait depuis sa naissance, naturellement, tel un peuplier d’Italie ! Et le soir, au cercle, — quand tous les autres peupliers frissonnants, tous les effarés de Canteperdrix s’agitaient en groupe autour de lui, — d’entendre les chuchotements et les confidences, Lyon en feu, Marseille à sang, les nouvelles terribles