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III

quelques récits de voyage

Les trois naufragés n’eurent pas le temps de pénétrer ce mystère, non plus que celui du port d’Antibes subitement rétréci.

La bouillabaisse arrivait, fumante, et servie dans une de ces énormes nacres que les pêcheurs des mers latines emploient en guise de plats. Uue vapeur safranée envahit la salle, laissant deviner, plutôt que voir, les morceaux blancs des langoustes et les morceaux plus bruns des rascasses sur les tranches de pain spongieuses et tout imbibées d’un jus couleur d’or.

Devant chaque convive furent placées des assiettes primitives en écorce de chêne-liége, toujours à la mode des pêcheurs latins, et le romancier, qui nota la chose pour son roman, fit remarquer avec sagacité que c’était là un excellent système, vu qu’en cas de naufrage on pouvait se sauver sur la vaisselle.

— Ouvrez le feu, messieurs les naufragés, et faites comme à votre bord.