reçut à merveille (ce babil d’oiseau l’amusait), et
tout le temps qu’elle voulut il permit à Suzette de
venir flâner dans son atelier deux ou trois fois par
semaine, payant les séances et lui laissant croire
qu’elle posait.
Ceci l’avait rendue très-fière.
— Que fais-tu maintenant, Suzette ?
— Je pose les bouleaux chez Corot.
D’où le surnom de Brin-de-Bouleau, qui convenait on ne peut mieux à sa fine petite personne argentée, et les cartes vraiment curieuses qu’elle s’était fait graver :
dite Brin-de-Bouleau
pose l’ensemble et le paysage
Brave Brin-de-Bouleau ! A part le vieux maître qui parfois, entre deux tableaux, lui parlait sérieusement, jamais personne, y compris les cinq ou six rapins pour qui elle s’imaginait poser le paysage, et Fabien qui leur succéda, jamais personne au monde n’avait daigné lui faire part d’une idée juste.
C’était une mode, au contraire, de bourrer son pauvre cerveau sans défense des notions les plus extravagantes. Et Brin-de-Bouleau acceptait tout avec confiance et sérénité. Aussi, devenue femme et presque grasse à dix-huit ans (on la devinait telle du moins sous les vêtements accusateurs et mollement