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IX

parfums et fleurs

Fabien et Cyprienne semblaient heureux.

Ebauché avec le portrait, leur innocent roman d’amour, en même temps que lui, prenait figure. Choses et gens, tout souriait dans le Bigorneau. Seul Saint-Aygous ne souriait pas ; Saint-Aygous grommelait tout bas de ce qu’il appelait un tas de micmacs, et faisait de plus en plus froide mine.

Simple nuage dans un ciel pur ! mais sur les côtes qu’habitent nos héros, un nuage gros comme une orange apporte souvent le mistral.

Ce Saint-Aygous (le petit Saint-Aygous, comme on disait entre amis) n’était pas précisément capitaine, ou plutôt, s’il l’était, il devait l’être de naissance, n’ayant, au su de personne, jamais servi. Seulement, il s’était fait, dès le collège, l’habitué fidèle du café où la cité antiboise réunit chaque soir sa colonie de vieux guerriers ; bien reçu d’eux à cause de sa naïve admiration, il avait fini, vers trente ans, par se croire vieux guerrier lui-même. On le laissa croire.