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XV

le phoque et les corailleurs

Hélas ! Fabien se réveilla au bruit du fifre et du tambour, par un petit jour clair le plus joyeux du monde. Quoique agréable en soi, cette musique lui parut triste. C’était l’annonce des courses : des marins, des pêcheurs délégués de la Prud’homie, se promenaient ainsi à travers la ville, portant au bout d’un bâton couronné d’un cerceau les pavillons de soie rouge, prix des voiliers, et les assiettes de fin étain, luisantes comme argent, récompense traditionnelle des rameurs victorieux. De loin en loin, ils s’arrêtaient sous un balcon pour donner l’aubade. Fabien, en qualité de membre du cercle nautique, eut la sienne, aubade ironique ! Mais il ne bougea point de son lit. La villa couleur d’ocre eut son aubade aussi, et mademoiselle Cyprienne, malgré ses angoisses et ses craintes, dut se lever pour offrir le petit verre à ces braves gens.

Lancelevée, réjoui d’un si beau jour, rassuré à l’endroit de son équipage, et certain de voir la Cas-