X
les quatuors d’été
Dans quel trouble d’esprit ce baiser me jeta ! Je
gardais encore, après un jour, vivant sur les lèvres
le parfum dont les joues de Roset me les avaient embaumées, et quelquefois je me surprenais à demeurer
silencieux et immobile, de peur qu’un mouvement trop brusque ne vînt faire se répandre hors de mon cœur, ainsi que d’un vase rempli, les sensations délicieuses dont je le sentais déborder.
— Vous aimiez Roset, malheureux !
— Y songez-vous, aimer Roset ! une sauvagesse incapable de rien comprendre aux sublimités de l’amour !
— Vous l’aimiez, vous dis-je.
— Et parbleu ! je m’en suis bien aperçu depuis, mais je ne m’en doutais guère pour le quart d’heure. Était-il vraisemblable qu’il y eût deux amours, l’un né au bord des sources, pur et mélodieux comme elles, l’autre éclos impérieusement au soleil de midi, sous la pluie de parfums qui tombe des amandiers en fleur ?