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une drôle de chasse.

rencontra un puits, regarda dedans et passa : le puits n’était pas assez profond pour ce qu’il voulait faire. Un talus crayeux terminant le plateau parut l’engager davantage ; après réflexion, il renonça au talus : la pente était un peu trop douce, et la bûche pourrait remonter.

Enfin, il trouva un endroit admirablement propre à tuer la bûche.

C’était un précipice à pic, haut de cent pieds, au fond duquel un torrent grondait.

— Bon voyage ! eut l’air de dire l’ours en lançant la bûche.

La bûche partit, la corde du nœud coulant se tendit, et l’ours, probablement étonné, dégringola tête première.

Me cramponnant à un grand buis (c’est mon grand’père qui parle), je regardai. L’ours n’était pas mort ; il remontait à travers les rochers, éclopé quelque peu, du sang aux naseaux, mais obstiné dans son idée et portant dans ses bras la bûche qu’il comptait précipiter de nouveau. Trois fois il la précipita, le village était dans la joie. À la quatrième fois…

Mais en voilà assez : je vous vois rire !


Le chasseur, lui, raconte ses histoires et on ne rit pas. Il en impose avec son teint de brique, son œil cligné, son nez en canon de fusil, sa moustache. Il a un sac à plomb, une poire à