Page:Arène - Le Midi bouge, 1895.djvu/47

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Quatrécus dans la sente, de sorte que, poussé par derrière, butant au mur de droite et de gauche et se calant, il put, tant bien que mal, se hisser.

Nos réflexions devenaient amères.

Jusqu’à présent, tout marchait relativement bien ; mais, une fois là-haut, qu’allait dire, cet excellent Quatrécus ?

Nous avions tort de nous inquiéter, et Quatrécus ne fut pas embarrassé le moins du monde.

Avec cet à-propos malicieux, cette justesse subite de coup-d’œil que leur bon Dieu, car ils en ont un, prête aux ivrognes :

— « Mes enfants, bafouilla-t-il, en titubant, après un silence, mes enfants, mes amis, vous voyez Noé, voilà Noé !... »

L’horizon que son geste semblait remplir s’élargit soudain jusqu’aux lointains les plus bibliques. Beau, dans sa longue barbe blanche où l’or du couchant se jouait, Quatrécus était transfiguré. Le pochard avait disparu pour faire place au patriarche. La famille admirait, émue, et nous pleurions tous d’attendrissement !