Aller au contenu

Page:Arène - Le Midi bouge, 1895.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sesseur pour son goût en peinture et l’ingéniosité de ses choix, la conversation, peu à peu, tomba sur l’anthropophagie.

Chacun racontait la sienne, moi je dis : — J’ai dîné une fois avec un explorateur, gaillard superbe, roi in partibus, qui, de ses missions dans toutes sortes de pays déserts, avait rapporté un teint de moricaud et la plus belle barbe noire du monde. Tout en cassant des amandes dures entre le pouce et l’index (on était au dessert heureusement !) l’explorateur nous disait ses aventures. Eloquent autant que solide, les dames le buvaient des yeux : — Eh quoi, en vérité, vous vous êtes assis à une table d’anthropophages ? — Comme je m’assieds à la vôtre ; la reine m’avait invité. — Ah ! la reine ! Elle était jolie ? — Très jolie ! — Et elle mangeait ? — De l’homme, mesdames, elle mangeait de l’homme... Et tout de suite, en bon vivant que rien n’étonne, l’explorateur se mit à décrire la façon dont ses anthropophages cuisinaient. — C’est simple et fort ingénieux. Onéreuse un trou qu’on garnit de cailloux rougis. Sur les cailloux, une jon-