Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

insolent, lèvres cruelles, et son charme doublement sensuel fait de chair saine et d’artifice. Mais ces toiles d’un modernisme raffiné, perpétuelle glorification de la femme, ces légers croquis, fins comme des fleurs et vagues comme des symboles, restaient incompréhensibles au public.

Estevanet avait, disait-on, hérité. On lui prêtait des aventures…

J’appris un jour qu’il était mort.

Un ami commun m’introduisit dans son atelier. Sur les murs, sept portraits de femmes, ou de filles si vous voulez ! toutes les sept se ressemblant par un même air de beauté indifférente et dure ; et, dans le coin, un grand tableau recouvert d’un voile. « C’est celui, nous dit le concierge, auquel il travailla le dernier… La peinture est, paraît-il, fort belle, mais personne encore n’a su en deviner le sujet. » Dans un lit somptueux, ennuagé de riches tentures, sept femmes dormaient, les mêmes que celles des portraits : vermeilles, grasses, souriantes, une couronne d’or au front. Et, debout sur la pointe des pieds, pâle, retenant son haleine, et ses yeux enfantins remplis de désir et d’effroi le Petit-Poucet regardait.