Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/135

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cafés-concerts pareilles dans le feuillage clair des marronniers à un chapelet de grosses perles blanches — donc, une après-midi, flânant par là, je surpris Jeanseaume en train de s’offrir son divertissement favori.

Entre autres habitudes, Jeanseaume avait celle d’assister, toutes les fois que ses loisirs le lui permettaient, aux représentations du théâtre de Polichinelle. Mais là encore, Jeanseaume laissait percer sa manie. Assez indifférent aux menus épisodes qui montrent le héros luttant d’un égal courage, quoique avec des fortunes diverses, contre ses créanciers, sa femme, le bourreau et le diable lui-même, Jeanseaume ne se déridait qu’à la scène du commissaire, quand notre Karagouz atténué, n’ayant qu’une trique pour arme, baragouine un féroce chant de guerre et frictionne le crâne et le dos de son héréditaire ennemi d’une dégelée de coups drus et pressés dont le bruit rappelle celui de la grêle sur un toit.

Alors on entendait un gros rire d’homme mûr faire la basse aux gammes argentines, voltigeantes comme un chant d’oiseau, qui, parties d’un coin, couraient en traînée sur tout l’auditoire enfantin… et ce rire était le rire de Jeanseaume.

Jeanseaume assistait ainsi quelquefois, toujours avec le même plaisir, à quatre, à cinq représentations consécutives.