Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/138

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de faire signe. Je m’approchai : le doigt disparut, mais pour être remplacé aussitôt par une bouche souriante, laissant voir les dents, et qui, collée à l’étroite ouverture, apparaissait comme une fleur rouge dans le cœur de laquelle un peu de neige serait tombée.

Ainsi s’offrait Claudette, ou à peu près, sans plus de motifs, toutes les fois que je la quittais de l’œil un quart d’heure… Mais ce quart d’heure suffisait. Et j’étais sûr de mon affaire, quand je la retrouvais au retour frétillante, fraîche, épanouie, avec un frémissement au coin des narines, et, dans les yeux, l’expression de calme et de joie tranquille que donne la conscience du devoir accompli.

J’étais souvent vaincu dans cette lutte inégale.

Une fois pourtant, j’obtins l’invraisemblable résultat de passer vingt-neuf jours sans grave accident. Vingt-neuf jours ! Il ne s’en fallait que de quelques heures pour arriver au mois. Or, j’aurais voulu avoir mon mois franc. C’est un pari que je m’étais fait, une manière de réussite. Claudette et le destin semblaient vouloir me donner cette modeste satisfaction. Mais tu vas voir comment se comporta le destin sous la direction de Claudette.

Le soir du trentième jour, quand je croyais toucher au port, Claudette manifesta le désir de prendre l’air un peu. On ira aux Ambassa-