Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/156

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sent pas permis un pareil luxe. Ceci m’est arrivé en France, tout simplement. »

Un frisson de sympathique indignation passa sur l’assemblée. Fier de l’effet produit, caressant de la main sa barbe en éventail, neigeuse aux pointes, Jean Bargiban continua :

— « J’habitais… Mais à quoi bon designer l’endroit ? Il vous suffira de savoir que l’aventure, nullement romanesque d’ailleurs, se passe dans un de nos plus grands ports de mer retentissant tout le jour du bruit de l’or remué et des affaires, pour devenir le soir, quand la Bourse se ferme et que l’heure des transactions est passée, ville de luxe et de plaisir.

Jeune alors j’y menais la vie assez gaiement en compagnie d’une demi-douzaine de fils de riches négociants et d’armateurs considérables, aux fredaines de qui, par indulgence et aussi dans l’intérêt sagement entendu de leur commerce, les pères souriaient. Il y a d’élégantes réclames ; et les toilettes à tapage d’une jolie fille attestent le sérieux de la caisse qui les paya.

N’allez pas railler par avance nos exploits de jeunesse dorée provinciale. Vous auriez tort : à vingt ans et même plus tard, avec des écus en poche, un bon garçon trouve à s’amuser n’importe où. La grande courtisane ne se rencontre qu’à Paris, soit ! Mais en province on a souvent le plaisir délicat de la voir, toute petite, essayer ses ailes et, dans la ville dont il s’agit,