Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/17

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çons de colonnes tombèrent à grand bruit dans les ruisseaux et dans la mer ; et, tandis que sourdement la terre grondait, Atthis et Gyrinna, et Anactoria et Mnasidice, et Ennice couraient deux par deux, éperdues, les unes errant sur le rivage et tendant leurs beaux bras suppliants et nus vers les barques qui fuyaient au large, les autres s’enfermant dans les sanctuaires et s’embrassant avant de mourir.

Le lendemain, dans Lesbos où Vénus avait mille statues, seul un Éros en bronze dressé près du port se trouva debout.

Et les gens disaient que c’était là une vengeance de l’Amour sur ce pays où, par orgueil de leur beauté, les femmes s’étaient fait un cœur stérile.

Maintenant Lesbos, que ses habitants, Turcs pour la plupart, nomment Mételin, est aride comme un écueil. Plus de bois sacrés, plus de prés fleuris d’anémones. Des pentes grises, des ravins où de maigres chèvres s’engluent la barbiche à brouter le lentisque et le ciste.

Seuls quelques cyprès sur les cimes, quelques lauriers-roses dans le lit pierreux des torrents y parlent encore de Vénus.

L’été dernier, notre bateau faisant escale, je m’arrêtai à Mételin. Je vis une femme, elle était voilée. Dans un cabaret de matelots, je voulus, par superstition païenne, goûter à ce fameux vin de Méthymne, pareil au nectar. On me ser-