Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/184

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Antoine poussait les enfants, un peu sauvages, vers l’étranger qui leur faisait peur ; je me sentais tout ému de la réception.

Mais un nuage passa sur le front de Mme Marc-Antoine.

— « J’y pense nous n’avons guère qu’une daube, et je ne sais pas si monsieur…

— Une daube ! Comment donc ? Le nom seul me met l’eau à la bouche.

— C’est un plat du Midi ; mon mari m’en a appris la recette, avec du vin, du lard, des épices… il paraît que je ne le réussis pas trop mal. »

Mme Marc-Antoine se dirigea vers la cuisine attenante à la pièce qui, suivant la vieille coutume des campagnes, servait tout ensemble de salon et de salle à manger ; elle souleva le couvercle chargé de braise sous lequel, dans la cloche en fonte, le mets classique mijotait, et une chaude vapeur, odorante et blanche, l’enveloppa comme d’un nuage.

Elle reparut tenant à la main une cuiller sur laquelle, avec une gravité de prêtresse, délicatement elle soufflait.

— « Goûte !… dit-elle à Marc-Antoine.

— Délicieux ! »

Puis, goûtant à son tour :

— « Non ! il y manque quelque chose. »

Après quelques secondes de profonde méditation, elle ajouta :