enlever leur gain aux débitants et menaça de lâcher son dogue.
Ce fut un horrible calvaire.
Enfin une compatissante bouchère, dont le mari était absent, consentit à se laisser attendrir.
— « Mettez votre bœuf là, si ça vous amuse, la qualité n’est pas très belle, mais on en tirera toujours parti. »
Exténué, Nazaire déposa son bœuf.
— « Puisque je vous en fais cadeau, insinuait Nazaire, vous pourriez bien me couper dedans, comme échange et au prix coûtant, un pot-au-feu pour Caroline ?…
— Allons, coupe-lui un pot-au-feu tout de même, le pauvre homme l’a bien gagné, dit la bouchère à son garçon. On vous le laissera pour un franc cinquante, parce que c’est vous. »
Et de cette façon l’heureux Nazaire put opérer à Mézy une rentrée relativement triomphale, rapportant un pot-au-feu de un franc cinquante qui lui revenait à soixante-quinze francs, sans compter la fatigue et les menus frais.
Mais voici le pire !
Depuis cette belle opération, Caroline, ménagère enthousiasmée, ne veut plus entendre parler de la campagne, où tous les fournisseurs vous volent, où tout se vend au poids de l’or ; et Nazaire, l’infortuné Nazaire, se verra obligé, au premier jour, d’abandonner Mézy-en-Brie, les