Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tableau qui lui valut sa médaille, ce Repas du soir de la Sainte-Famille d’une si réaliste et si pénétrante mysticité.

Les deux Lèbre s’aimaient tendrement bien qu’ayant suivi des voies différentes. Mais l’abbé, au fond de son cœur, gardait un grief contre Jean-de-Dieu.

Au grand désespoir de l’abbé, Jean-de-Dieu, qui dépassait pourtant la cinquantaine, n’avait jamais voulu se marier, bien qu’on lui eût offert des partis superbes.

Or, maintenant l’abbé savait le motif de ses refus. Comment l’avait-il appris ? Je l’ignore ; mais il le savait depuis un mois. Jean-de-Dieu — ces artistes sont tous les mêmes — avait une maîtresse ! Et quelle maîtresse ! Une danseuse, une Italienne, répondant au nom d’Adalgise.

La révélation avait profondément peiné le bon abbé et ce nom amoureusement visigoth d’Adalgise lui faisait l’effet d’être l’un des treize cents sobriquets du diable. Une chrétienne, décemment, ne peut pas s’appeler Adalgise !

Et voilà donc pourquoi Jean-de-Dieu ne s’était jamais marié ; voilà pourquoi, aussitôt après son premier succès, il avait renoncé à la peinture religieuse et s’était mis à peindre, sous prétexte de modernité, des sujets légers que les marchands payaient très cher ; voilà surtout pourquoi il lui avait paru cassé et vieilli avant l’âge, six mois auparavant, lorsqu’il allait soi-