Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/253

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D’ailleurs, elles ne riaient pas, et tenaient à la main leur loup de satin, avec un air de convenance.

Ingénument sacrilèges, ne devinant pas le vent de réprobation qui de tous les coins de la place soufflait sur elles, ne sentant pas le regard aigu des vieilles dévotes s’enfoncer comme des poignards dans l’entre-deux de leur dos au-dessous de leur nuque impudemment décolletée, elles contemplaient, ô candeur ! une boutique d’objets de sainteté…

Et, de l’intérieur, — à travers le fouillis de ses chasubles et de ses étoles, de ses ostensoirs émaillés, de ses porte-cierge byzantins, de ses vases, de ses statuettes, de ses chapelets en nacre luisante et de ses fleurs en papier doré — apercevant les deux diables couleur de flamme, le marchand, bonhomme à calme figure de prêtre, se demandait, non sans inquiétude : « D’où me viennent ces étranges clients ? »

Cependant les deux masques en proie à je ne sais quelle naïve convoitise consultaient leur porte-monnaie et se livraient à de longs calculs.

— « Sont-ils jolis !

— Et comme ils nous iraient bien.

— Sans compter qu’ils nous reviendraient toujours trois fois moins cher que des bottines… ? »