Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rut : un lorgnon, un cigare et des moustaches noires. Regrettait-il un moment d’injuste impatience ? Voulait-il arrêter, retrouver sa lettre ? Mais le cheval entre temps filait toujours ; le voyageur réfléchit sans doute aux idées que suggérerait à son cocher la puérilité d’une telle action, et, après avoir ébauché un geste hésitant, il se renforça dans sa voiture.

La boule allait, venait, poussée par le courant d’air, et je me la figurais roulant à l’égout, ou piquée au bout du croc d’un chiffonnier.

Quelqu’un l’aperçoit et la ramasse : un de ces trottins d’atelier qui parcourent la capitale, traînant à leur bras des cartons aussi hauts que des tambourins.

Tout au plus seize ans, mais la joue palotte et des yeux déjà renseignés, moins une fillette, en somme, qu’une miniature de femme.

Elle la ramasse, elle la lit, elle sourit. Puis elle regarde le café, consulte son porte-monnaie, et finalement vient s’asseoir à une table, la seule libre, près de celle que j’occupais.

Tout en tenant un journal, j’observais. Qu’allait faire cette gamine ? En quoi une lettre trouvée par hasard lui importait-elle ? Pourquoi, en même temps qu’une bavaroise et qu’une brioche, demandait-elle de quoi écrire et toute rouge, tout émue, se mettait-elle à la recopier ?