Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/338

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La première vision avait rendu Viviane gaie la seconde la rendit triste.

— « Hélas ! songeait-elle, c’est aujourd’hui le premier jour de l’an. À combien d’autres femmes, plus heureuses et moins aimables que moi, n’apporte-t-on pas, pour leur petit lever, dans des écrins en peluche et en velours bleu, de ces enviables parures ?

L’hiver, hélas ! est mon seul galant, encore les cadeaux qu’il m’offre sont-ils fort sujets à se fondre. Tout bien réfléchi, je n’allumerai pas de feu aujourd’hui afin qu’ils durent ; et cela me sera d’autant plus facile que le mari de la charbonnière m’a refusé du coke à crédit. »

Viviane en était là de ses réflexions quand elle entendit cogner à la porte.

— « Entrez, si c’est vous, madame Lamourette ; comme ma serrure a un rat, il suffit que vous souleviez le loquet. »

Ce n’était pas Mme  Lamourette ; mais tout de même le loquet, en cliquetant, se souleva :

— « Vous, monsieur Jean, et vous osez ?…

— En effet, j’ose. C’est aujourd’hui le jour de l’an ; le jour de l’an on a le droit, quand elles se lèvent trop tard, de saluer au lit ses voisines. M’est-il permis ?…

— Pour sûr, monsieur Jean, puisque maintenant la porte est ouverte.

— M’est-il permis de vous offrir, en façon d’étrennes, ce modeste sac de marrons ?