Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/47

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régnait sur terre : on rencontrait des comédiens qui n’étaient pas tout à fait millionnaires, des peintres et des aquarellistes qui, d’une pochade torchée en deux heures, ne s’achetaient pas d’hôtel avenue de Villiers, et d’agréables personnes contentes d’un bonheur au jour le jour et parfaitement résignées à ne jamais mourir baronnes.

Tiennette était de celles-là, Tiennette ou si vous voulez Étiennette, un nom qu’elle s’était choisi.

Je n’avais pas revu Tiennette depuis plusieurs semaines, lorsqu’un matin je reçus d’elle ce message :

« Je t’attendrai rue de Vintimille, tout de suite, jusqu’à midi. Il s’agit d’affaires très sérieuses Et surtout apporte un homard. »

Amoureux dressé à tous les caprices, je me procurai le homard, et j’arrivai rue Vintimille…

Un déjeuner m’y attendait.

Déjeuner d’amis ! Seulement, au dessert Tiennette tout à coup devenue grave :

— As-tu beaucoup d’argent sur toi ?

— Dame !

— C’est qu’on vient saisir à onze heures, et je t’avais écrit dans l’intention…

— Tu aurais dû m’avertir… attends cependant que je voie : vingt, trente, quarante ! si quarante-cinq francs cinquante centimes suffisaient ?…