Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/74

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Cette longue blouse, ce patois, ont peu à peu fait germer dans l’âme des habitués des idées d’églogue. Et à une époque où les cabarets pittoresques n’étaient pas encore à la mode, c’est Glady, Clorinde et la Roussotte qui, les premières, eurent la triomphante idée de transformer leur café banal en vrai cabaret de campagne avec l’horloge à gaine, le dressoir chargé d’assiettes peintes, la devanture en verre vert, et sur l’enseigne — À la Poule qui pond — une poule en argent faisant ses œufs dans un nid de paille dorée.

Maintenant, tant il est vrai que la Providence arrange tout au gré des braves gens, le vieux Cochevis se trouve dans son vrai cadre. Sortant peu, car il méprise Paris, toujours attablé, en train de manier les cartes ou de boire, il peut se croire rentier dans son village.

Rien ne lui manque, pas même le respect dévolu aux gens supérieurs.

Ne l’ai-je pas surpris un jour, à la Poule qui pond, en conférence avec le plus illustre de nos romanciers. Ils s’étaient mis à part dans un coin. La société faisait silence. Rouges d’un noble orgueil, Glady, Clorinde et la Roussotte les contemplaient. Le romancier, humblement, demandait des renseignements spéciaux pour un roman rustique qu’il prépare. Et le père Cochevis les lui donnait, ces renseignements, sérieux comme un notaire, fier comme un pape !