Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette boutique ne ressemblait ni aux patriarcales boutiques des barbiers de village barbouillées en bleu ciel, décorées de sonores et reluisants plats à barbe, ni aux luxueuses officines du centre de Paris, correctes, imposantes presque avec leurs rideaux discrets et leurs vitrines ou, sous le cristal, l’ivoire et l’écaille, coiffés de satin ficelés d’or, blasonnés d’étiquettes mystérieuses, se rangent en ordre scientifique les fards, les essences et les opiats.

La boutique en question ne ressemblait qu’à elle-même. Sans l’enseigne, peu voyante d’ailleurs : Marc-Aurèle, coiffeur pour dames, on aurait pu croire plutôt la boutique d’un brocanteur.

Et, pendant que Loris assis sur la sellette, supportait un assaut combiné d’acier, de frictions et d’éloquence, je contemplais l’étrange capharnaüm du barbier : étoffes anciennes, bijoux d’occasion, chevelures rousses, objets japonais, petits bronzes, éventails peints, tableaux de maîtres visiblement faux mais signés, faïences artistiques et, comme il convient, ébréchées, bref, à l’étalage et du haut en bas des murs toute la défroque du luxe éphémère dont aiment s’entourer, quand la chance le veut, les non moins éphémères phalènes qui, chaque soir, au jour qui tombe, s’échappent de l’ombre du quartier Bréda pour aller tournoyer autour du gaz flambant et de