Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/92

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pétri d’insouciance et de malice, un front tout petit sous des cheveux fous, et des yeux ? — oh ! ces yeux ! — deux clous noirs à reflet d’acier, les yeux cruels qu’ont les mésanges.

Exquise d’ailleurs ! La seule, Pythéas, que j’aie jamais aimée ; exquise et, je te le répète, si oiseau, si gentiment oiseau.

Quand nous nous connûmes, le soir même, tout de suite, elle eut un besoin de plein air, des envies de campagne. Il fallut prendre le dernier train ; et, le lendemain, c’étaient des extases et des joies, un étonnement infini en découvrant, à chaque repli de colline, combien la terre s’étend plus loin que Sèvres et même Saint-Cloud.

— Le monde est grand ! soupirait-elle, nom d’un pétard, que le monde est grand !

Et elle se serrait contre moi, heureuse et toute frissonnante d’une vague terreur sacrée.

Les bois surtout l’émerveillaient. Elle cueillait des fleurs, des mousses. Puis soudain, un accès de folle colère contre une cétoine, une coccinelle ou n’importe quel autre représentant de ce monde mystérieux que les Parisiennes englobent volontiers sous le nom de vilaines bêtes.

Tout insecte, même le plus brillant, le plus inoffensif, était considéré par Linette comme un ennemi personnel, et cette jeune personne éprouvait un visible plaisir à l’écraser, malgré