Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/96

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belles filles au passage, les soulèvent à bras le corps et les rejettent sur les planches, souriantes et délivrées.

Cependant tout un monde bariolé s’écoule à grand bruit vers les loges. Le prince Charmant taquine la fée Violente. Des génies pressés, tout en marchant, retirent leurs ailes, et des oiseaux s’en vont, très graves, avec leur tête sous le bras : ce sont les serins de la noce, car il n’y a pas de féerie possible sans une noce de serins.

Les coulisses peu à peu se vidant, je me préparais à partir, quand tout à coup, dans l’ombre, derrière un portant, éclata une kyrielle de jurons formidables, quoique prononcés d’une voix enfantine.

On injuriait les machinistes.

Puis la voix s’adoucit et m’appela :

— Hé monsieur, venez à mon aide.

Je m’approchai, et vis un œuf, de la taille de ces jarres d’huiles où se cachent les voleurs d’Ali-Baba, et dont la partie supérieure soulevée en manière de couvercle comme si quelque géant avait tranché l’œuf de son couteau pour le manger à la coque, laissait voir non la face barbue d’un brigand arabe, mais une frimousse délicieusement rose sous les frisures emmêlées d’une perruque jaune serin. Deux petits pieds sortaient de l’œuf, et trépignaient, chaussés de brodequins également jaunes. Recueillant mes