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ÉTUDE SUR P. ARETIN

trouva très-mal. Jetant le froc aux orties, Pietro courut à Rome. Il n’y fut pas trop bien d’abord, car c’était l’époque où le trône du prince des apôtres était occupé par un Flamand austère, Adrien VI (notre auteur le qualifie d'asinaccio) ; mais il obtint, à force de bassesses, la faveur de quelques personnages puissants, du cardinal di San Giovanni entre autres, pour lequel il avait les attentions les plus empressées (attissimo à porgerli l’orinal di notte).

Jugeant convenable de quitter Rome, où il comblait la mesure du scandale, Pietro se retira à Venise, quartier général de la licence la plus effrontée ; tout y était permis pourvu qu’on ne s’occupât point de politique. L’Arétin s’y trouva dans son élément. Passant sa vie au milieu des courtisanes, des artistes, des gens de lettres, il écrivit alors les ouvrages qui lui ont valu une si mauvaise réputation. Il se livra sans frein à des vices dont un des interlocuteurs de la Vita raconte l’histoire détaillée de façon à provoquer cette judicieuse observation : « Il bordello è più honesto à quel ch’io odo. » Jouant alternativement le rôle de Jupiter et celui de Ganymède, il avait de plus une foule de maîtresses, et le culte qu’il rendait à la beauté était souvent des plus hétérodoxes ; mais il n’y a moyen ni de traduire ni de reproduire ce que l’écrivain italien énonce à cet égard. Il souille audacieusement l’attachement de l’Arétin pour la femme qu’il paraît avoir le plus aimée (Perina Riccia), à l’égard de laquelle il s’exprimait avec une certaine délicatesse dans une