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ÉTUDE SUR P. ARÉTIN.

femme coquette, et tandis qu’il est absent, celle-ci se trouve avec son très-intime ami Saint-Yve. Damon revient de voyage trois jours plus tôt qu’il n’était annoncé ; il court chez sa femme,

Dans sa chambre il entra sans se faire annoncer
Au même instant notre belle en chemise
Saute du lit sans balancer,
Dans les bras de Damon avec transport se plonge :
« Ah ! mon ami, que tu viens à propos !
Dans ces moments consacrés au repos
Je faisais bien le plus beau songe.
S’il était vrai, que tu serais heureux !
Il me semblait que tu voyais des deux !
Que je m’en assure bien vite ;
De plaisir et d’espoir déjà mon cœur palpite. »
Sa main, sur le bon œil s’appliquant aussitôt,
Fait du borgne un aveugle, et Saint-Yve presto,
Pour s’évader, de ce moment profite.
« Y vois-tu, mon ami ? —- Mamour, je n’y vois rien ;
Va, va, ton songe
N’est que mensonge.
Hélas ! je m’en aperçois bien. »
Par un baiser sa femme le console,
En ajoutant cette douce parole :
« Petit coquin, je t’aime cent fois mieux
Comme cela qu’avec deux yeux. »

Nous allons réunir au sujet des Novellieri (en suivant l’ordre dans lequel les présente la Notizia) quelques renseignements bibliographiques.

Arienti (Giovanni Sabadino degli). Settanta