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SEPT PETITES NOUVELLES

DE

PIERRE ARÉTIN

SUR LE JEU ET LES JOUEURS




PREMIÈRE NOUVELLE. —


Certains plaisants jouent un tour à un de leurs amis pour lui faire croire qu’il a perdu la vue, et ils le corrigent ainsi de la coupable habitude de blasphémer.


Il y avait à Sienne un joueur très-connu par l’habileté qu’il possédait dans les jeux de cartes ; mais il était décrié à cause des blasphèmes qu’il proférait lorsqu’il jouait. Il advint que, par un tour fort ingénieux, quelques-uns de ses amis l’amenèrent à se corriger. La nuit de Sainte-Lucie, ce Siennois se mit à jouer, et à chaque coup qu’il perdait, sa langue effrontée martyrisait le nom de la pauvre Vierge ; elle proférait des horreurs scandaleuses. Quand la partie fut finie, il ne restait plus au Siennois d’autres vêtements que sa chemise ; et s’il ne perdit pas