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L’herbe avait cru sur le sol et couvrait les chefs-d’œuvres mutilés ; on ne voyait çà et là que des troncs de croix debout, et au pied le Christ gisant dans un fort mauvais état.

Les premiers artistes étaient morts, et leur souvenir n’existait plus ; c’est pourquoi on laissa longtemps en ruine les monuments religieux détruits par les vandales.

Mais un beau jour cependant un sculpteur célèbre se montra dans notre pays : la Bretagne est pleine de son nom, qui passera aux siècles futurs.

Il vit toujours avec tristesse ces vieilles croix en ruine ; et un jour, tressaillant dans son corps et dans son âme, il dit :

« Pour faire honneur à Dieu le Père, il serait bon de restaurer le culte de la croix ; le Ciel me donnera le pouvoir de sculpter des calvaires. »

Sans aucun doute, personne n’ignore qu’il donne à la pierre les contours et les formes qu’il veut, et que ses croix sont partout dans les cimetières et les chemins.

Pourquoi le louer sans cesse ? il est ton père, mon petit ami, et c’est avec joie et bonheur qu’il voit les belles œuvres que tu exécutes si bien.

Jeune et déjà renommé, tu t’es distingué dans la lutte artistique par le gain d’une prime ; tu feras plus tard, je le dis hautement, beaucoup d’honneur à la Bretagne.

J.-M. LE JEAN.