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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/124

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immédiatement confisqués ; c’est à vous de voir s’il ne vous convient pas mieux de payer la somme que réclame le dey que de vous exposer à une perte décuple et certaine. »

Le raisonnement était sans réplique, et quoi qu’il pût lui en coûter, Bakri se décida à payer la somme demandée à la France.

La permission de partir nous fut immédiatement accordée ; je m’embarquai, le 21 juin 1809, sur un bâtiment dans lequel prenaient passage M. Dubois-Thainville et sa famille.


XLII.


La veille de notre départ d’Alger, un corsaire déposa, chez le consul, la malle de Mayorque qu’il avait prise sur un bâtiment dont il s’était emparé ; c’était la collection complète des lettres que les habitants des Baléares écrivaient à leurs amis du continent. « Tenez, me dit M. Dubois-Thainville, voilà de quoi vous distraire pendant la traversée, vous qui gardez presque toujours la chambre à cause du mal de mer ; décachetez et lisez toutes ces lettres, et voyez si elles renferment quelques renseignements dont on puisse tirer parti pour venir en aide aux malheureux soldats qui meurent de misère et de désespoir dans la petite île de Cabrera. »

À peine arrivé à bord de notre bâtiment, je me mis à l’œuvre et remplis sans scrupule et sans remords le rôle d’un employé du cabinet noir, avec cette seule différence que les lettres étaient décachetées sans précaution. J’y trouvai plusieurs dépêches dans lesquelles l’amiral Colling-