Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/136

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XLVIII.


Dans l’année 1809, je fus choisi par le conseil de perfectionnement de l’École polytechnique pour succéder à M. Monge, dans sa chaire d’analyse appliquée à la géométrie. Les circonstances de cette nomination sont restées un secret ; je saisis la première occasion qui s’offre moi de les faire connaître.

M. Monge prit la peine de venir un jour, à l’Observatoire, me demander de le remplacer. Je déclinai cet honneur, à cause d’un projet de voyage que je devais faire dans l’Asie centrale avec M. de Humboldt. « Vous ne partirez certainement que dans quelques mois, dit l’illustre géomètre ; vous pourrez donc me remplacer temporairement. — Votre proposition, répliquai-je, me flatte infiniment ; mais je ne sais si je dois accepter. Je n’ai jamais lu votre grand ouvrage sur les équations aux différences partielles ; je n’ai donc pas la certitude que je serais en mesure de faire des leçons aux élèves de l’École polytechnique sur une théorie aussi difficile. — Essayez, dit-il et vous verrez que cette théorie est plus claire qu’on ne le croit généralement. » J’essayai, en effet, et l’opinion de M. Monge me parut fondée.

Le public ne comprit pas, à cette époque, comment le bienveillant M. Monge refusait obstinément de confier son cours à M. Binet, son répétiteur, dont le zèle était bien connu. C’est ce motif que je vais dévoiler.

Il y avait alors au bois de Boulogne une habitation nommée la Maison grise, où se réunissaient, autour de