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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/138

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aurait nommé par acclamation. Les mêmes remarques sont applicables à la nomination de Poisson, qui aurait échoué contre ce même M. Girard, si quatre voix s’étaient déplacées. Cela ne suffit-il pas pour justifier l’ardeur inusitée de mes démarches ? Quoique dans une troisième épreuve la majorité de l’Académie se soit prononcée en faveur du même ingénieur, je ne puis me repentir d’avoir soutenu jusqu’au dernier moment, avec conviction et vivacité, la candidature de son concurrent M. Dulong.

Je ne suppose pas que, dans le monde scientifique, personne soit disposé à me blâmer d’avoir préféré M. Liouville à M. de Pontécoulant.


L.


Parfois, il arriva que le gouvernement voulut prescrire des choix à l’Académie ; fort de mon droit je résistai invariablement à toutes les injonctions. Une fois, cette résistance porta malheur à un de mes amis, au vénérable Legendre ; quant à moi, je m’étais préparé d’avance à toutes les persécutions dont je pourrais être l’objet. Ayant reçu du ministère de l’intérieur l’invitation de voter pour M. Binet et contre M. Navier, à propos d’une place vacante dans la section de mécanique, Legendre répondit noblement qu’il voterait en son âme et conscience. Il fut immédiatement privé d’une pension que son grand âge et ses longs services lui avaient valu. Le protégé de l’autorité échoua, et l’on attribua, dans le temps, ce résultat à l’activité que je mis à éclairer les membres de l’Académie sur l’inconvenance des procédés du ministère.