Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/183

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toute réflexion disparaît si on la combine avec un angle spécial, et qui varie seulement d’un miroir à l’autre, suivant la nature de la matière dont ils sont formés.

Si après cette curieuse observation, la double réfraction cessait d’être l’unique moyen de distinguer la lumière polarisée de la lumière ordinaire, du moins semblait-elle encore la seule voie par laquelle des rayons lumineux pussent devenir polarisés ; mais bientôt une nouvelle découverte de Malus apprit au monde savant, à sa très-grande surprise, qu’il existe des méthodes beaucoup moins cachées pour faire naître cette modification. Le plus simple phénomène de l’optique, la réflexion sur un miroir diaphane, est un grand moyen de polarisation. La lumière qui s’est réfléchie à la surface de l’eau sous l’angle de 37 degrés, à la surface d’un miroir de verre commun sous l’inclinaison de 35 degrés 25 minutes seulement, est tout aussi complétement polarisée que les deux faisceaux ordinaire et extraordinaire sortant d’un cristal d’Islande. La réflexion de la lumière occupait déjà les observateurs du temps de Platon et d’Euclide ; depuis cette époque elle a été l’objet de mille expériences, de cent spéculations théoriques ; la loi suivant laquelle elle s’opère sert de base à un grand nombre d’instruments anciens et modernes. Eh bien ! dans cette multitude d’esprits éclairés, d’hommes de génie, d’artistes habiles, qui durant plus de deux mille trois cents ans s’étaient occupés de ce phénomène, personne n’y avait soupçonné autre chose que le moyen de dévier les rayons, de les réunir ou de les écarter ; personne n’avait imaginé que la lumière réfléchie ne dût pas avoir toutes les propriétés