Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/208

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cun comprend que la vie animale ne doit pas être la seule occupation de l’homme ; que la culture de son intelligence, qu’une étude attentive de cette variété infinie d’êtres animés et de matières inertes dont il est entouré, forment la plus belle partie de sa destinée.

Et d’ailleurs, lors même qu’on ne voudrait voir dans les sciences que des moyens de faciliter la reproduction des substances alimentaires ; de tisser avec plus ou moins d’économie et de perfection les diverses étoffes qui servent à nous vêtir ; de construire avec élégance et solidité ces habitations commodes dans lesquelles nous échappons aux vicissitudes atmosphériques ; d’arracher aux entrailles de la terre tant de métaux et de matières combustibles dont les arts ne sauraient se passer ; d’anéantir cent obstacles matériels qui s’opposeraient aux communications des habitants d’un même continent, d’un même royaume, d’une même ville ; d’extraire et de préparer les médicaments destinés à combattre les nombreux désordres dont nos organes sont incessamment menacés, la question à quoi bon ? porterait à faux. Les phénomènes naturels ont entre eux des liaisons nombreuses, mais souvent cachées, dont chaque siècle lègue la découverte aux siècles à venir. Au moment où ces liaisons se révèlent, des applications importantes surgissent, comme par enchantement, d’expériences qui jusque-là semblaient devoir éternellement rester dans le domaine des simples spéculations. Un fait, qu’aucune utilité directe n’a encore recommandé à l’attention du public, est peut-être l’échelon sur lequel un homme de génie s’appuiera, soit pour s’élever à ces vérités primordiales qui changent la face des sciences, soit pour